Vol 747 pour Sydney

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Sydney est connu, reconnu par sa baie, avec son opéra en forme de coquillage et son pont métallique.
Ce n’est pas seulement une vision de touriste. L’épicentre de la ville est bien là.
Des habitants m’ont parlé de la baie, de leur attirance pour elle. Ils aiment s’y promener le soir, boire un verre, observer les paquebots de croisières et les ferries.

J’aime les villes construites autour des baies : New-York, Hongkong, Sydney maintenant.
C’est la baie qui dessine la ville, la définit.

Historiquement d’abord, ses rivages ont accueilli les premiers immigrants. On y trouve donc le quartier historique, ses plus beaux bâtiments.

L’eau dans ces trois villes n’a pas qu’une fonction décorative. De très nombreux habitants en font usage pour se rendre au travail par les nombreux ferries.

Et puis la baie a peut-être une vertu majeure : celle d’offrir une évasion, une ligne de fuite imaginaire aux habitants de ces mégalopoles.
J’observe les cadres tout juste sortis du boulot qui sirotent un vin rosé (pour les unes) ou une bière (pour les autres) et je crois déceler une quiétude dans leur regard, gagnée par la présence bienfaisante de la mer venue s’immiscer dans l’intimité du continent.
Se rêvent-ils voyageurs, peintres, marins ?

D’ailleurs, n’est-ce pas cette porte ouverte qui permet à chacun de travailler avec tant d’ardeur ? Les habitants de New-York comme ceux de Hongkong sont des bourreaux de travail. Les Australiens pire encore. Ils détiennent la palme mondiale de la durée annuelle de travail.
Voici donc une nouvelle théorie shadock : si vous pouvez vous rêver marin, vous accepterez de vous faire galérien.
Dit autrement : Méfiez-vous des baies, ça pousse à travailler !

Donc, Sydney vaut pour sa baie. Mais pas seulement.

Je l’ai parcourue à l’aide de cartes thématiques qui pointent des bâtiments, détaillent son intérêt architectural.
Les thèmes étaient : la vie portuaire, le temps des colonies (anglaises, c’est à dire avant 1901 quand l’Australie est née de la fédérations de ces colonies), les communautés (chinoise surtout), le quartier Glebe.
Je pris donc mon courage à deux pieds, mes cartes à deux mains, et en route !

L’urbanisme et les bâtiments racontent la ville, son histoire. L’expansion de Sydney a rejeté l’activité économique vers la périphérie, hormis le tertiaire. D’autres activités ont totalement disparu.
Ces premiers bâtiments – entrepôts pharaoniques pour stocker la laine, quais jadis ultra-modernes connectés au train … – sont devenus hors d’usage ; de leur usage initial.
Soit ils sont reconvertis (en logements le plus souvent), soit ils font l’objet de vifs débats qui décident de leur sort : préservation pour leur intérêt historique ou démolition pour laisser place à la ville nouvelle.

J’ai donc crapahuté, inlassablement, Et dans cette solitude du visiteur dans une ville, accentuée par la fébrile occupation de tous : chacun fait quelque chose ou se rend quelque part, rejoint quelqu’un. Agenda et téléphone pour eux, le temps devant soi pour soi, rien de plus.

J’ai aimé Sydney et quatre jours n’ont pas suffit à étancher ma curiosité.

Quelques bémols cependant. La ville souffre d’un urbanisme trop favorable aux bagnoles : larges avenues, bruits, attendre des plombes que le feu des piétons passe au vert.
Heureusement qu’il y a de grands poumons verts – les parcs – et le poumon bleu de l’eau.
Il y a aussi une prédominance de buildings du courant architectural dit « international », les parallélépipèdes des années 90. Une horreur !

J’ai beaucoup aimé la foule australienne des villes, une fois encore : cosmopolite, jeune, allant au travail (Le petit matin est la meilleure période pour l’observer, sirotant mon café) avec la foi touchante des nouveaux convertis. On porte facilement des chaussettes, maillots de bain arborant le drapeau national. De tous jeunes immigrants peut-être, qui ont traversé les océans pour embrasser un nouveau pays et avec lui une nouvelle vie.

J’ai choisi les quais et l’opéra pour mes derniers moments dans la ville. Je prends dans quelques heures un bus de nuit pour Melbourne (12 h. de trajet). J’y écris ces lignes dans la lumière douce et chaude de la fin d’après-midi.

Sydney, vendredi 18 février 2005