Au-revoir Australie, terre d’immigration

australie plage

australie plage

Je termine mon voyage par une visite au musée de l’immigration à Melbourne. Surprenant pour un Français de trouver un musée célébrant l’immigration. Pas pour un Australien, car l’histoire de l’Australie contemporaine n’a que 250 ans. Et c’est celle de l’immigration majoritairement européenne pendant 200 ans, puis asiatique. Rien d’étonnant donc.

Le visiteur traverse « le jardin du souvenir » avant d’entrer dans le musée. Une installation qui célèbre les premiers habitants du pays, les différents peuples aborigènes , dont le nombre est estimé à 300 à 400 000 à l’arrivée des Européens.

La muséographie a fait le choix de mettre en valeur des trajectoires individuelles très diverses. Car l’Australie est faite de cela. D’individus qui ont décidé, dans la solitude et la difficulté de ce choix, de lier leur destin à un pays et de le construire en même temps.
Chacun de ces hommes s’est « fait » à travers l’Australie (« self made-man ») et l’Australie s’est « faite » de ces hommes.

Ce sentiment de « communion de destin » entre un individu et un pays à totalement disparu dans notre Europe en cette période désenchantée, me semble-t-il.

Beaucoup plus surprenant : l’histoire « qui fait mal » et l’histoire qui fait débat ont droit d’entrée aux musées australiens.

J’avais été surpris (lors de mon précédent séjour, il y a deux ans) par la mise en valeur de la culture aborigène et de son ethnocide au musée national de Canberra.

Au musée de l’immigration, l’exposition ne fait pas l’impasse sur les vagues successives de racisme : anti-chinois d’abord, puis antisémite, anti-asiatique ou anti-arabe maintenant. Car l’Australie oscille depuis sa création entre des phases d’accueil à bras ouverts et de fermeture à bras fermés.

Et cette critique concerne aussi l’histoire la plus récente : Le panneau qui relate la dernière décennie affiche deux photos qui me surprennent. Sur l’une, on voit ce paquebot chargé d’Afghans en quête de la terre promise refoulé en mer, alors que ses passagers mourraient de faim et de soif (de l’eau avait été larguée d’hélicoptères). Sur l’autre, le terrible centre de détention en plein désert dénoncé actuellement avec virulence par toutes les organisations humanitaires.
Il s’agit bien là d’une histoire avec un point de vue clairement orienté, qui de toute évidence n’est pas celui du gouvernement actuel, ultra-conservateur, voire réactionnaire. Ce gouvernement a initié un nouveau cycle de fermeture vis à vis de l’immigration, avec une administration aveugle aux situations particulières les plus difficiles.

Vous imaginez, vous, une expo en France dans un grand musée, évoquant le centre de détention de la police des frontières de l’aéroport de Roissy ? Moi pas.

Le musée prend aussi le risque de ne pas présenter que des trajectoires édifiantes, des « success stories ».
Un réfugié politique chilien se dit hanté par ses cauchemars de torture et incapable de maîtriser l’anglais après 40 ans dans le pays, ce qui le laisse dans une précarité économique permanente.
Un jeune Tchadien d’origine dit son envie d’étudier la médecine pour plus tard … retourner dans son pays pour y exercer son métier. Un choix qui peut prêter à critiques de la part du contribuable australien.

Plus anecdotique. L’intérieur de différents bateaux est reconstitué pour imaginer les trois à deux mois de traversée (voiliers à voile traditionnels puis clippers, bateau à vapeur et enfin diesel.) Il est écrit : « Sentez-vous libres de vous allonger sur les couchettes, porter les habits, lire les lettres. Ce sont des reproductions. »
Au musée, on m’a toujours dit : « Il faut toucher avec les yeux. »

Cette immigration, on la touche du doigt (avec les yeux) dans la rue.
S’asseoir à une terrasse de café et contempler la foule australienne me ravit et me touche.

Sa diversité culturelle et humaine me ravit : Indiens, Chinois, Indonésiens, Africains, Européens… Chacun a sa manière de marcher, porter sa tête, balancer les bras, lier les jambes au ventre… Une manière personnelle mais culturelle aussi. Chacun sa manière de s’habiller aussi (sauf les mecs du tertiaire contraints au costume de pingouins), de penser, au foot européen pour les uns, au foot australien (« footy ») pour les autres, à chacun ses Dieux…

Sa cohésion me touche. Car des gens si différents ont décidé de se réunir autour d’une idée : celle d’un pays.
L’Australie est perçue comme un eldorado, une terre où on peut s’en sortir en lui donnant un tribut : le travail. L’immigration est donc bien au départ un projet individuel.
Mais pas seulement. Cette ambition individuelle se double d’une fierté à appartenir à une communauté si diverse. Emma, ma nièce de 6 ans fait la liste des enfants de sa classe qui parlent deux langues à la maison, comme elle. Dans la boite de mon frangin, sept personnes sur dix (dont lui), ont obtenu la nationalité australienne. On construit ensemble ce pays. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, en espérant en bénéficier.

Ce multiculturalisme m’enchante.
Cette foule n’est pas une troupe de petits soldats, de clones obéissant à une idée totalitaire. Ce sont des individus, mus par des désirs d’une vie meilleure (recherche de liberté politique ou syndicale, de survie tout simplement, de réussite économique …) mais liés les uns aux autres par une idée commune. Si chacun trace son chemin, le cap est fixé par une idée qui transcende les différences : ce pays te donne une chance et il sera aussi ce que tu en feras. (Une idée aux accents libéraux, c’est vrai. Rendue possible peut-être parce qu’il y a de la richesse par le travail à créer dans ce nouveau pays alors qu’en France, il n’y a plus de travail à partager, mais seulement de la richesse par le capital – et quelle richesse ! – à partager. Et cette idée s’accompagne d’un système de protection sociale véritablement déficient, selon les standards européens en tous cas). (Je ne suis pas économiste et cette parenthèse réclame une lecture critique, voir sceptique de votre part).

Serais-je en train d’idéaliser l’Australie ? Peut-être.

Pour illustrer, de manière anecdotique cela, je suis surpris de voir des noirs ou des asiatiques dans les publicités . Pas seulement pour représenter le client, mais le vendeur, donc le porte-parole de la marque.
Par contre, je n’ai jamais vu d’aborigènes dans les publicités. Ils sont absents de ce rêve d’Australie, dont ils ont été les perdants. Ils vivent surtout dans de petites communautés dans le « bush », en marge de la société australienne majoritairement urbaine (85 % des 20 millions d’Australiens vivent dans les cités côtières : Brisbane, Melbourne, Sydney surtout), salariée et consommatrice, bref modelée par le modèle occidental.

Hélas, cette diversité de la population ne se retrouve pas dans ses élus politiques , majoritairement européens d’origine, par un phénomène de génération : ils sont plus âgés que la moyenne nationale même s’ils sont plus jeunes qu’en France (pas difficile, vous me direz) et plus divers dans leur origine (encore moins !).

Et ce choix de société multiculturelle fait vaciller ma défense habituelle du système d’intégration à la française : « le formatage à la gauloise ».
D’une part parce que notre système montre ses limites. Si l’ascenseur social fonctionne bien pour une famille d’origine ouvrière et gauloise comme la mienne, on ne peut pas dire la même chose pour les « deuxièmes générations ».
Et puis le multiculturalisme conduit-il nécessairement à un communautarisme ? Et ce communautarisme est-il nécessairement fermé, étanche à une communauté plus large du pays ?

Ces questions de modèles de société ont agité également l’Australie dans les années 80, soulevées par un historien qui déclarait que l’Australie devait veiller à rester majoritairement de culture anglo-saxonne si elle voulait garder une identité et une cohésion sociale.

Je reste cependant bien Français – laïque (la vie spirituelle doit rester une affaire privée), tendance « laïquard » (le développement d’un pays se mesure à la diminution de ses croyants)– face à la liberté exorbitante dont jouissent les religions et les sectes (leur « start-up »). Chacun peut monter un stand dans la rue et prêcher pour des sectes clairement identifiées chez nous comme dangereuses.

Je crois que plus encore que lors de mon précédent séjour, je vais avoir du mal à retrouver ma France sclérosée, grisonnante ( les « papys boomés » aux commandes), pétrie de certitudes, sans projet, angoissée (sécu, retraite…) et n’ayant d’autres destins à proposer qu’une Europe économique, la défense des acquis, le principe de précaution…

Australie, il ne te resterait pas une petite place ?

Sylvain, Melbourne, le 23 février 2005 (33 °C)

Post-scriptum d’Australie : le message (de trop) qui explique pourquoi trop de messages !

carte australie sylvain

carte australie sylvain

Pourquoi avoir écrit des messages pour Cap vers, – tant et plus et trop –, alors que j’ai toujours prôné l’inverse ?

J’aime en effet que le voyage soit l’occasion d’un détachement, d’une déconnexion. Au sens figuré du terme, en espérant me débarrasser du mouvement brownien des pensées parasites (« J’ai éteint le gaz ? »), des fausses préoccupations (« Nantes – son club de foot ndlr – à fait combien ? ») ou encore mieux des pensées convenues (« Nantes a le plus beau jeu »).
Pour atteindre un autre point de vue, mais surtout pour jouir du bonheur profond d’être un voyageur errant (assurance rapatriement comprise dans la carte bleue), une éponge qui capte la buée du monde (ça ne veut rien dire, mais c’est très joli : la buée des paroles, la rosée du désert précieuse aux aborigènes… Faites jouer votre imagination, merde !)

Or, le sens figuré requiert le sens propre : pas de connexion internet et le carnet de bord, n’a qu’une visée introspective ou de journal de bord.

Mais ce voyage n’était pas habituel. Car il conciliait la famille (mon frangin habite Melbourne avec sa compagne et leurs deux petits) et le voyage.
Or, les deux sont difficilement compatibles. Alors que l’essence de la famille est l’attachement (celui qu’on souhaite et … qu’on ne souhaite plus), le carburant du voyageur est le détachement. (ça nécessiterait des précisions, mais le percutant de la formule la clôt là).

En venant en Australie, je cherchais à cultiver l’attachement à ma famille, en veillant notamment à ne pas perdre contact avec les enfants de 1 et 6 ans. (J’ai ainsi veillé à passer le maximum de W.E. à Melbourne et donc à ne partir que pour 5 ou 10 jours.) J’ai été comblé.

En venant en Australie, je comptais aussi voyager. Pour moi, voyager, c’est découvrir (collectionner des cartes postales), mais surtout atteindre cet « état de voyage », si paisible, si plein, cet état de réconciliation avec soi-même, avec la nature, parfois ses « frères humains »(plus difficile).

Découvrir, je l’ai fait, mais « l’état de voyage », je ne l’ai pas atteint et je le savais avant même de partir : car le détachement par intermittence n’est pas possible !

Dans ces conditions, sachant que la déconnexion « mentale » n’était pas possible, mon grief contre la connexion à Internet tombait et c’est ainsi que j’ai envisagé de vous écrire. Quitte à rester connecté, à ne pas pouvoir débrancher la prise , autant en faire profiter les camarades restés au pays de la lumière grise.

Cela explique pourquoi pas pas de message (vous me suivez ?), mais cela n’explique pas pourquoi tant de messages – trop, selon certains – et pourquoi si longs – trop longs, selon les mêmes ?

Et d’une, je me suis senti une responsabilité (pas écrasante, rassurez-vous) d’administrateur à faire vivre le site.

Et de deux, je me suis pris au jeu. Voyager en solo est une activité surtout physique (crapahuter) et contemplative (laisser son esprit dériver au fil du paysage qui bouge). Ecrire (surtout pour les autres) requiert une attention plus grande qu’écrire son carnet de bord. L’exercice est difficile mais il me plait. C’est une activité cérébrale complémentaire des deux autres. Je l’apprécie en fin de journée. Elle repose les orteils tuméfiés et stimule un cerveau bercé par les endorphines de l’effort et par la rêverie. Et puis je ne dissocie pas totalement le fait de vivre un événement et de l’écrire.

Et de trois, j’ai délaissé mon carnet (lui réservant les pensées les plus intimes) et ces messages sont devenus mon carnet de voyage de substitution. Il m’est alors devenu difficile de n’écrire que partiellement sur mon périple. J’ai eu envie, besoin même, d’une totalité. Tout en étant conscient que trop de messages tue peut-être l’envie de lire les messages. Mais libre à vous de ne pas lire, n’est-ce pas ? Alors que moi, il me fallait bien les écrire. Ce qui ne fut pas toujours facile après une journée à aller et venir.

Mais j’ai toujours eu le souci de vous, lecteurs, croyez-moi. Alors, si ce carnet vous a plus ou moins plu, un petit mot de votre part me ferait plaisir, me disant les plus et les moins : rossignol.sylvain@wanadoo.fr

Goodbye mates !

Sylvain, Laval (-2°C), 26 février 2005

Pays Baltes : Lituanie – Vilnius

Vilnius

Vilnius

LITUANIE : Première journée à Vilnius. j’ai marché, j’ai regardé, je me suis perdu, et la journée s’est écoulée, je l’ai laissée faire…

Première journée à Vilnius,

Il pleuvait certes… une petite bruine comme on en fait par chez nous. Pour commencer ce voyage sans trop de dépaysement. Petite entame en douceur…

Malgré cela, j’ai marché, j’ai regardé, je me suis perdu, j’ai levé les yeux pour mieux voir ce qui m’entourait, je me suis retrouvé des fois, même repéré (ce n’est pas une ville difficile) et la journée s’est écoulée, je l’ai laissée faire…

Aujourd’hui, j’ai navigué sans plan, sans guide, dans la vieille ville de Vilnius.
On peut y passer du temps, je vous le dis, quand on en a plein dans la musette… alors j’ai bravé le mauvais temps et pris le mien pour profiter de cette ville qui me laisse ce soir un goût de tranquillité et de satisfaction…

Bien sûr, j’étais loin de m’imaginer cela. Ceux qui me connaissent savent de toute façon comment je prépare mes voyages… en gros je ne savais rien de cette ville. Pas difficile dès lors d’être surpris.

En tout cas, pas mal de mes préjugés sont tombés aujourd’hui. Vilnius est une ville qui va vite devenir moderne puisqu’une grande partie l’est déjà. Téléphones portables, habits de la dernière mode (la même que la nôtre et même la prochaine, des fois), grosses voitures allemandes, grands magasins… la vie ne semble pas très différente ici que chez nous…

Ou sont passés les vestiges de l’ère communiste ? Ce n’est pas que je leur souhaitais cela, mais
je n’ai pas vu les tours grises, les vieilles voitures pourries ou les vieux papis descendant de leur campagne pour vendre leurs marchandises… Pas de commerce extérieur, peu de marchés, tous les prix sont affichés et plutôt élevés…
Bref, je me mettais le doigt dans l’œil et il était bien enfoncé.

Vilnius est une ville très colorée, qui assume son apprentissage de « l’occidentalisme ». Pour l’instant elle a l’air d’en prendre le meilleur, cela durera-t-il ?
Vilnius reste en construction et j’aime ce contraste permanent entre les bâtiments flambant neufs et les autres délabrés qu’on rencontre encore beaucoup et qui attendent patiemment que l’on veuille bien s’occuper d’eux. La pierre et la brique règnent en maître dans le centre alors que le bois (pour les maisons individuelles) ou le béton (pour les immeubles) s’occupent de la périphérie…
En tout cas, ce n’est pas plus gris que chez nous, c est même souvent le contraire et c’est sans aucun doute beaucoup plus respirable…

En attendant, j’ai passé une très bonne journée à crapahuter au milieu de tout ça.

Pour l’instant pas trop de contacts avec les Lithuaniens (même si cela ne m’empêche pas de remarquer que ces demoiselles sont fort charmantes). Les plus jeunes parlent anglais pourtant. Il faudrait quand même pas que l’occidentalisation se fasse trop vite, hein!

Bref, je rentre ce soir humide mais heureux… j ai même sympathisé avec des Américains pour fêter ça… la vitnuka (une des bières locales) est très bonne d ailleurs…

bises à vous,
Simon, Vilnius, Lituanie, 25/8/04

PS : Épargnez-moi les blagues sur Bertrand, on me les a déjà faites a peu près 15 fois.

Troisième journée a Vilnius : basket fever !!

La ville méritait bien que je m’arrête un peu et profite d’elle. Cela fait trois jours que j’use mes semelles sur ses trottoirs et je découvre jour après jour de nouvelles choses… je commence à avoir mes petites habitudes, café du matin dans le même bar, petit encas vers 3-4 heures… les gens commencent à me connaître, c’est plutôt sympathique.

Hier je me suis éloigné un peu du centre pour voir un peu le côté « off » de la ville. Encore une fois, j ai été plutôt surpris, il y a des immeubles certes, souvent ils sont plutôt gris… mouais… mais guère plus que par chez nous en tout cas.
Et puis tout est « surprenemment » propre. Pas un papier par terre, même pas un journal (je désespère d’en trouver un pour en mettre des bouts dans mon journal a moi – je vais devoir
en acheter un -, pas de sacs plastiques… Ils ont du prendre exemple sur les pays du nord. Rigueur et propreté, ça fait peur c’est sûr mais c’est vrai que sur ce point c’est agréable…

Petite anecdote sympa : les parcmètres. Ici, ils ont deux jambes, deux bras même, ils parlent aussi et vont à l’encontre des voitures qui arrivent pour leur demander leur petite obole. Il y en a donc un sacré paquet en ville. Ils sont tous de jaune fluo vêtus, on ne peut donc pas les louper… C’est normal après qu il y ait pas beaucoup de chômage !

Et puis, hier il y eut le choc, le truc qu il fallait vivre, ici et au bon endroit.
J’avais donc pass’ la plus grande partie de ma journée a crapahuter dans la ville et nous nous étions donnés rendez-vous avec mes deux amis américains dans un café des sports pour 16h20.
Pourquoi cette heure ? L ‘équipe lithuanienne de basket jouait son quart de finale contre la Chine et il ne fallait pas manquer ça. Ici, le basket est le sport numéro un et de loin alors vivre un match dans un pub plein à craquer, c’est vraiment quelque chose.

Imaginez deux cents personnes agglutinées dans ce bar, un écran géant instalée comme ils peuvent, des litres et des litres de bière qui sont ingurgités rapidement, une ambiance de tonnerre (impossible d’entendre le commentateur!). Ce fut un grand moment dans ma vie de
téléspectateur.
Certes, ce n’est sans doute pas la manière la plus élégante de découvrir un pays et ses coutumes mais c est quand même bien sympa de se laisser emporter dans une telle joie populaire. Les drapeaux étaient hauts, les visages peinturlurés de jaune, de vert et de rouge et les voix portaient haut dans le bar… Un chouette moment.

Allez je vous laisse, il y a du monde qui attend derrière moi… c’est vrai qu’on a Internet gratuit à l’auberge… alors faut bien le laisser pour tout le monde.

bises de Vilnius,
Simon

Dernier jour à Vilnius : le musée du génocide des Lithuaniens par les Russes

Allez je profite de la pluie qui redouble pour en terminer avec Vilnius.

Hier je suis allé au musée du génocide des Lithuaniens par les Russes. Ca refroidit sérieusement l’ambiance. Il ressemble d’ailleurs étrangement au musée Pol pot a Phnom Penh (sur le génocide organisé par les Khmers Rouges).
Ici encore, nous sommes sur le lieu des faits et on entre pleinement dans toute l’horreur qui a pu survenir ici. D’extérieur, on voit un bâtiment normal, pas plus effrayant, en plein milieu de la ville, qui ressemble à tant d’autres a Vilnius.
Et puis on entre, et là on rentre le bide, on respire fort et on y va. Le musée essaie de montrer telles qu’elles étaient les différentes cellules de détention et de torture mises en place par les
Russes entre 44 et 64 à peu près.
C’est assez indescriptible. On navigue entre un mauvais film américain anti-russe (les pièces des officiers avec le vieux téléphone de contrôle, les uniformes accrochés, les indications en russe…) et des faits qui font réellement flipper quand on lit ce qui c’est réellement passé ici. Le tout fait un peu faux, reconstitué, mais les photos présentées prouvent la véracité des mises en scène (c’est fou quand même comment on a des images dans la tête à cause de la télé, des films, etc !.)

Après donc ces fameuses pièces des officiers (très Papa Schultz dans l’ambiance), le reste est beaucoup moins drôle puisqu’on peut visiter une après l’autre les différentes cellules de détention qui vont crescendo tout au long du musée.
On commence par la cellule de bienvenu pour mettre dans l’ambiance. Elle mesure exactement 0,60 m2. Pas d’ouverture évidemment. C’est là que les prisonniers étaient placés à leur arrivée. Ils pouvaient y rester 3 a 5 heures. Ensuite, on voit les cellules dites « normales ». C est à peu près l’image que l on peut avoir de nos cellules : une table, deux lits, deux chaises pour une 10aine de m2 sauf qu’ils étaient jusqu’à 20 là-dedans.

Viennent ensuite les salles de rétention (a peu près les mêmes que les premières sans lumières, juste un peu plus grande puisqu’il faut mettre les chiottes) mais les prisonniers qui y allaient pouvaient y rester plusieurs jours !

La salle d’interrogatoire pour les prisonniers difficiles ou importants est aussi particulièrement horrible. Toute cette pièce est insonorisée pour que les autres prisonniers ne puissent pas entendre les cris des tortures car, ici évidemment, on interroge pas assis sur une chaise les yeux dans les yeux.
Non, c est plutôt attaché par des chaînes les bras en croix… ça fait froid dans le dos.

Et puis celle qui m’a sans doute le plus marqué car je ne comprends toujours pas comment on peut penser à cela… Vous avez une pièce assez petite avec un fond en arrondi et au milieu de celle-ci un petit monticule, tout petit, tout ridicule. Pendant l’hiver, les Russes y mettaient les prisonniers les plus rebelles pour les calmer.
Le principe était de remplir la cellule d’eau gelée (il fait -30 souvent en hiver) et d’obliger le prisonnier a se tenir debout sur le petit monticule. Évidemment au bout de plusieurs heures, celui-ci tombait de fatigue dans l’eau gelée. Les Russes les laissaient la dedans des journées… Tout simplement effarant…

Et puis il y a tout le reste que je ne vais pas vous raconter car j’ai à nouveau la chair de poule rien que d y repenser… non, franchement, ce fut un moment intense, assez représentatif de toute l’horreur que la nature humaine peut contenir…

Bon je vais pas vous laisser comme ça quand même alors je finis avec ce matin. Pour une fois je suis parti dans le sens inverse au centre ville (mon auberge est a peu près à 1,5km) pour voir ce qu il y avait un peu plus loin et là j ai pris un grand plaisir à trouver des rues défoncées, des gens dans la rue qui bossent dehors avec la musique a fond, des maisons un peu plus cracras mais où on voit la vie qui en déborde… c’est sûr c’est moins beau que le centre mais ça fait du bien de voir des gens et de la vie un peu.

Je pense que le reste de la Lithuanie doit plus ressembler a cela, je ne le verrai pas tant pis.

Je pars demain matin a Riga en Lettonie. J’essaierai d’y aller voir un peu plus en profondeur cette fois ci.

Allez je vous laisse quand même, c est pas tout mais un superbe temps de novembre m’attend… Hummmm, j’en frémis rien que d y penser…

allez bises a tous et courage pour ceux qui bossent
Simon, Vilnius, Lituanie, 27/08/04

Pays Baltes : LETTONIE : Bienvenue à Riga !

Riga

Riga

Bienvenue à Riga chères et chers amis, trois jours d’arrêt…

Me voilà donc dans la capitale lettonienne et sans doute dans la ville la plus in the moov des baltiques. The big city !!!

Mon premier contact avec la ville n’a pas été de tout repos. Je suis arrivé samedi en début d’après midi et je pensais me rendre rapidement dans une auberge pour pouvoir profiter au maximum.
Pour une fois, j’avais prévu quelque chose, j’avais remarqué une auberge à quelques 7 km du centre. Je sais, je sais, c est un peu loin et pas facile pour aller boire une alus (bière) le soir. Mais bon elle était super pas chère (Riga est hors de prix) et située quand même sur les bords d’un lac magnifique… donc le choix pouvait être sympa… je n’étais en plus qu’à 30mn du centre en tram. Idéal donc…

Mais car il y a toujours un mais, j’avais pas tout a fait tout prévu… évidemment.
Par exemple que le lonely [guide Lonely Planet] serait défaillant pour une fois.
Comme indiqué j’ai pris le bus 2 qui partait du centre. Il disait d’aller jusqu’au bout, alors pas de problème je suis serein. Enfin, plus on avance et moins je suis confiant, je demande à la petite dame qui poinçonne les billets.
Elle ne comprend pas un mot d anglais et je dois reconnaître que mon letton laisse à désirer. Arrive alors une jeune demoiselle, charmante qui plus est, qui parle un peu l’anglais et me dis juste que je dois faire ce que me dis la petite dame. Ah ouais, d’accord mais elle ne sait pas ce que je veux… Alors je fais quoi ? Et hop un arrêt et évidemment ma jeune sauveuse doit descendre.

Deux stations plus loin, un jeune homme monte et je lui demande au cas ou… Il me dit que j’ai dépasse l’arrêt de 3 stations !!! Je montre l’endroit a ma petite dame (vraiment sympa quand même) elle me fait non de la tête… qu’elle me dira ou descendre. OK, je ne discute pas, elle a l’air sure d’elle.

Deux stations après elle me fait signe de descendre. Je la remercie chaleureusement et je descends. Je m aperçois que je n’ai même pas payé (à ma montée, elle avait refusé mon billet- trop grosse monnaie je pense).

Là, je regarde autour de moi, je regarde le nom des rues, je tourne la tête à gauche, à droite, fais trois pas, reviens de l’autre côté… bon, je me pose, je m’allume une clope.. Résumons un peu. Je suis complètement paumé ! Je fume ma petite clope et repars demander de l’aide.

Un jeune homme me montre une route… c’est en plein milieu d un parc. Je me dis chouette !
je pourrais toujours dormir dans le bois au cas où… En fait, c est l ‘entée d’un grand parc, le Mezaparc et je comprends maintenant qu’il porte le même nom que mon hôtel… d’où les informations contradictoires : certains avaient compris ce que je cherchais, les autres m’indiquaient la direction du parc.

En tout cas, je me repère enfin et là commence ma session marche a la recherche de l’hôtel. J’avais pas remarqué mais la carte sur le lonely a une échelle pas très précise. Je suis donc super loin de l auberge !!! Ouais c’est la fête, en plus je me plante un peu, ce qui fait que je dois a peu près faire la distance du centre a l’hôtel par la bonne direction (je marche
presque deux heures).

En attendant, je me suis balade dans l’endroit le plus chic de Riga. Juste a côté du parc, se multiplient des maisons plus belles les unes que les autres. De grandes propriétés entourées d’arbres avec de très larges bâtiments en bois ou en pierre. C est très très beau, les voitures sont grosses et allemandes, les dames bien habillées… Humm, ça sentirait pas un peu le pognon par ici… Enfin tout ça c’est très beau mais je trouve toujours pas mon auberge…

Si enfin, j y suis, je l’ai trouvée, c’est vrai ça a l’air magnifique avec le lac juste devant, un bar a côté pour profiter de la tombée du jour, oui, j’y suis, je monte les quelques marches, j’entre, je vais voir la charmante dame qui se trouve au guichet, je lui demande une chambre, elle me fait un sourire et me dit . « No room, no mister, full… »
Arghh, damned, crotte et flûte…
Fin de l’histoire…

Bon sinon Riga…
Sans doute l’une des plus belles villes d’Europe, rien a redire la dessus.
Le centre est tout simplement magnifique. Architecturalement parlant, on est tout le temps en train de lever la tête. Chaque carrefour apporte une nouvelle surprise. Pour vous dire, ça ressemble un peu à Paris pour la richesse des monuments et la prépondérance de l’Art nouveau mais mis en couleur a la sauce irlandaise par exemple. C est vraiment joli et il est vraiment plaisant de s’y promener…

Maintenant, cela fait trois jours que j y suis et l’envie me prend de partir vers des endroits plus intimes. Cette ville est un peu comme les femmes russes (majoritaires ici), grande, belle mais un peu froide… C’est vrai que c’est beau mais je ne trouve pas forcément ce que j’étais venu chercher.

Je pense que je prendrai plus plaisir a ce genre de villes dans 30 ou 40 ans (pardon a ceux qui vont se sentir concernés et qui adorent ce genre de villes). On peut y trouver tout le confort moderne, aucun problème… Les prix d ailleurs sont franchement élevés. On est très proche de nos prix occidentaux…
Enfin bon, c’est une magnifique ville pour ceux qui veulent découvrir une ville et pas des gens… les seuls vrais échanges que j ai, sont avec les employés de mon hôtel (finalement plein centre et miteux à souhait…) et je suis sûr qu’ils ont un passé dans le KGB tellement ils ont l’air sympas…

Finalement je me rends compte que c est le premier jour avec ma galère que j ‘ai eu le plus de contacts intéressants…

Demain je pars donc de Riga pour le parc national Gauja, cela devrait être plus tranquille, certes il va moins y avoir de magasins Giorgio Armani et de beautés architecturales mais je crois que ce n’est plus ce que j’aime… pour ceux qui n avaient pas encore compris…

Allez on verra sur place

The baltic Tour continue… Les jeux olympiques sont finis, j ai vu que la Lituanie a perdu, sans aucun doute journée de deuil national… je vous raconte la suite bientôt

bises à tous

Simon

PS : comment ça se peut que la langue française ait déformé à ce point les orthographes locales… Ici, on dit Letvuja… en Lituanie, c’était Lietuva !!! ça serait quand même plus simple si tout le monde avait le même mot pour designer un lieu… je comprends pas trop cela…

Bonjour a tous,

Je vous avais laissés au départ de Riga. J’ai relu mon message et la fin peut laisser un petit goût amer sur Riga. Je reprends donc à froid. Riga est une ville magnifique, qui se prête parfaitement au laisser vivre au travers de
ses rues. Je dirais même que son architecture et la beauté de sa vieille ville en font une ville romantique. J’imagine très bien un couple d’amoureux flânant de part ses rues, et découvrant avec bonheur tous ses secrets. Je n’étais juste pas dans cet état d’esprit à ce moment et c’est pour cela que j’avais besoin de changer d’air. Voyager seul ici n’est pas du tout pareil que voyager seul en Asie ou au Maghreb, encore plus hors saison. A cette période, ici, les hôtels sont presque tous vides et les rencontres multiculturelles sont plus rares… De plus, la vie est très similaire à la nôtre (très peu de vie dans la rue, peu de marchés, pas de contacts faciles). Chacun vaque entièrement à ses préoccupations et ne porte que peu d’intérêt finalement pour son prochain inconnu. Ce n’est pas une plaidoirie, attention, juste une remarque et nous vivons exactement de la même façon.
Cela me fait juste bizarre de le vivre pour la première fois en voyage. Et puis cela contraste énormément avec ce que j’avais pu vivre au Laos ou en Bolivie par exemple.

Bon, rectification faite, je reprends mon récit ou je vous ai quittés.
Me voici donc rendu à Sigulda, à l’est de Riga aux bords du parc national Gauja. Cette petite ville, des plus tranquilles, me fait le plus grand bien, des sortes de vacances au grand air au milieu de la découverte des grandes
villes de la Baltique. Ici, pas grand chose à faire, pas d’architecture imposante, peu d’églises (j’avais oublié de vous dire que Vilnius et Riga en possédaient à peu près autant que de mosquées à Fès pour ceux qui connaissent, c’est à dire beaucoup…) et surtout des grands espaces. Hier, j’ai d’ailleurs passé ma journée à me balader dans ces territoires verts.

Au final j’ai du parcourir une bonne quantité de km puisque j’ai passé 8h dehors à me promener, me perdre (bien sûr) dans la vallée de la Gauja (la rivière locale). J’ai alterné petites marches le long de la rivière, en plein forêt, sur la crête de la colline, superbes panoramiques, grottes de sandstone (c est quoi cette pierre-sable orange ? de l’argile ? je ne sais pas bien je ne suis qu’un piètre géologue…) en tout cas, je suis finalement rentré épuisé, mais au combien satisfait par cette longue sortie.

Je crois que j’avais vraiment besoin de ca. Du coup, j’ai décidé de rester une journée de plus ici. Pour marcher un peu bien sûr, profiter de cette vallée superbe et puis pour prendre mon temps, ne rien faire, lire un peu. C’est marrant je lis en ce moment un polar suédois qui se passe a Riga mais en 1992 soit en plein pendant l’éclatement soviétique… je peux vous dire que ça a changé extrêmement rapidement !!! L’ère soviétique a été vite mise de côté… ils avaient sans doute jalousé notre libéralisme et la profusion de nos biens pendant des années… pas de problème, ils l’ont rattrape en moins de dix ans. Reste à voir maintenant ce qu ils vont en faire ? Enfin quand on visite les musées traitant de l’ère soviétique, on comprend que le plus important c’est qu’ils aient su se débarrasser de l’emprise russe. je pense qu’ en bons gauchistes, on a malgré tout pas tous complètement conscience des méfaits du communisme soviétique…

Donc, voilà pour moi, je prends mes vacances un peu ici… je vais sans doute en profiter pour dessiner un peu et pour écrire pourquoi pas. Je loge dans la résidence des équipes nationales de bobsleigh qui viennent s’entraîner à quelques km d’ici. C’est, comment dire, sobre… et tranquille… je suis tout seul et il doit y avoir une 20aine de chambres dans deux maisons… donc pas de problème, je ne serai pas dérangé. J’ai d’ailleurs bien cru que je me faisais virer ce matin. La personne qui s’occupe de ces chambres m a demandé, dans un anglais pire que le mien, de faire mes affaires, m’affirmant que je devais partir après le dîner ce soir. Sans raison !!! J’étais donc passablement énervé d’autant plus que ce n’était pas le manque de place qui pouvait être la cause. Elle a du le sentir et m’a dit que je pouvais quand même aller dans l’autre maison… ??? … voilà, j’ai donc changé de maison… j’ai une nouvelle chambre plus grande, même prix ??? faudra qu’on m’explique…

Enfin voilà, je vous laisse à vos occupations personnelles que j’espère également riches et pleines. Je vais m’en retourner, me laisser aller un petit peu… tiens pourquoi pas prendre une petite bière d’ailleurs, c’est vrai ça

c’est pas une mauvaise idée et puis c’est l’heure de l’apéro… allez voilà c’est décidé une petite alus en pensant à vous et puis après… on verra…
y’a pas le feu non plus, hein…

bises a tous,
Simon